Ce qu’on ne peut faire que dans l’obscurité…

Caresser des espoirs fous et des passions déraisonnables, en passant la main sur ta peau troublante où s’entremêlent des vapeurs de parfums, et, à l’unisson des vagues de frémissements retenus au creux de nos coeurs palpitants, tendre chacun un bras brûlant aux deux lisières du temps : l’un retenant le crépuscule, l’autre arc-bouté contre l’aube, pour l’amour immense de deux êtres que la nuit révèle…

 

Avec la lente douceur d’un glacier de soie, les draps se plissent en soufflant leurs volutes de velours, chrêmes sur nos peaux de crème, silences de satin nacrés de perles pourpres. Les draps se rident ou enflent, onctueux, aux remous des soupirs exhalés par nos bouches, sous une ombre de nuit paisible qui ne se trouble pas, à peine, avec toute l’inertie d’un lac d’encre étroit et profond. Les draps se crispent enfin, s’épousent entre nos mains, crissent et se froissent, frémissent, frissonnent, glissent et puis gémissent…et s’ornent des dessins éphémères de nos corps qu’un rêve humain agite, retenant le crépuscule, arc-boutés contre l’aube, pour l’amour exclusif de deux êtres que la nuit mêle au-dehors du monde.

 

Quel est ce rêve que font ces corps à l’étrangeté diaphane, semblant s’aimer sans ordre, sans cesse changeant de formes, veines contre veines ? Quel mutisme a frappé ces corps, plongés dans un silence amniotique et serein, ce silence des sélénites préservant leur oubli quand passe un satellite sur la lune obscurcie ? Et qui fit ces stries fantasques, incarnates et labiles, paressant sur nos peaux rosies, reliefs sensibles sous la pulpe de nos doigts ? Sans doutes ces mêmes ongles dont les lunules laiteuses passent sur la chair de nos lèvres, et s’y pressent çà et là… Deux âmes entrelacées s’agriffent au crépuscule, et s’arc-boutent à l’aube, et perdent prise soudain sous la lumière qui croît, s’abandonnent à regrets à l’amour en décrue, à l’étiage, de deux êtres que la nuit relâche sans brusquerie, comme le dernier drap s’affale au pied du lit…

Cet article a été publié dans Chants de Séléné. Ajoutez ce permalien à vos favoris.

3 commentaires pour Ce qu’on ne peut faire que dans l’obscurité…

  1. Jihane dit :

    Au risque de passer pour une groupie de Pascal Ob**** (c\’est dire si le risque est grand), je n\’ai pas peur d\’affirmer que je suis faaaaaaaaaaaaaaannnnnnn!

  2. francoise dit :

    Il serait révoltant qu\’un pareil talent restât dans l\’obscurité.

  3. Emeric dit :

    I am not worthy, I am not worthy, je m\’incline nipponement, laissez-moi balayer le sol avec mon front comme font les ânes reconnaissants et les âmes serviles (et lycée de Versailles)…Enfin je préfèrerais appartenir à la catégorie du début de la 2ème avec la fin de la 1ère 🙂

Répondre à francoise Annuler la réponse.